L’homme qui voulait voir tous les pays du monde {André Brugiroux}

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« L’homme qui voulait voir tous les pays du monde » a son titre tout trouvé : c’est l’histoire vraie d’un homme banal qui avait un rêve. Visiter tous les pays du monde ! Un souhait, un besoin plus qu’un pari.

André Brugiroux, l’auteur nomade, nous racontera sa vie, au détour de ses rencontres et ses voyages, au travers des pages de ce modeste livre. D’ailleurs, difficile de déterminer ce que c’est, un guide, une encyclopédie ?

Son périple débutera à l’aube des années 1955 et durera près de 60 ans… Il part à 17 ans avec 10 francs en poche. Il a commencé à une époque où les moyens n’étaient pas les mêmes, où tout n’était pas aussi cher, les gens peut être moins suspicieux, certains tous aussi généreux. Mais nous pourrons aussi constater le progrès ou les régressions de l’être humain. Peut être le moment – accompagné de cette pause actuelle – pour faire le point sur notre vie, nos rêves, nos réels besoins.

Dans ces années là – et même encore aujourd’hui pour certains pays, tout est question d’organisation, et d’autorisations administratives. Vous vous doutez bien qu’il y a 50 ans, toutes les frontières n’étaient pas ouvertes et les conditions d’accès  étaient parfois très compliquées. Il faut pouvoir entrer dans tel ou tel pays par connaissance, par invitation ou hasard.  Il lui faudra parfois plusieurs aller/retour ou attendre quelques années pour parvenir à rentrer dans certains pays, de l’Europe, à l’Asie, l’Amérique en repassant par l’Europe car un ami lui ouvre les portes, pour ensuite revenir vers l’Afrique. Et comme ça toute sa vie.

En 70 le stop, l’auto stop, le nomadisme,  c’était très peu pratiqué, peu envisageable, incroyable, fou ! Qui ose partir à l’aventure ? Et bizarrement aujourd’hui, on trouve hallucinant de voyager ainsi alors que bien des moyens de locomotion sont à disposition et parfois peu chers.

On compare un voyageur-nomade à une personne sans attaches, sans avenir, comme un raté de la société qui ne possède rien qu’un sac à dos et des souvenirs. A l‘heure où aujourd’hui il faut acquérir maison, compte en banque et grosse voiture pour « réussir », il est peut être temps de se poser les bonnes questions.

Le nomadisme est un état d’esprit. On ne le fait pas pour la gloire ou parce qu’on n’a pas de sous pour voyager. On devient nomade par ce qu’on en a besoin. On veut rester libre. On veut réussir notre vie. C’est un énorme voyage intérieur, une ouverture d’esprit qu’on n’apprend pas  avec le métro/boulot/dodo.  Partie seulement 1 an et demi en mer, j’ai appris sur moi et le monde, bien plus que dans mes 40 ans de « vie d’avant ».

Pour revenir au livre, André Brugiroux nous contera évidement comment il a réussi à entrer dans les pays, mais bien sûr, nous donnera beaucoup d’anecdotes internationales mêlées à l’histoire de notre monde, des frontières. Vous vous en doutez, en 40 ans, il s’en est passé des choses ! 

• Fin 71, il est un des premiers voyageurs à pouvoir découvrir le Yemen, qui n’accueillait alors aucun touriste. C’est grâce à l’entraide et à des rencontres fortuites durant son périple, qu’il a pu entrer dans ce pays comme un membre d’une famille. Pourtant, pays protégé et non touché par les Trentes Glorieuses, il découvre encore des coutumes moyenâgeuses, où notamment, les femmes ne doivent pas croiser les hommes de la maison. C’est par un malheureux hasard que l’auteur y croise la femme de son hôte : la pauvre n’a d’autre moyen que de relever sa jupe pour se ouvrir le visage.. Charmant dit-il ! 

• Opposition dans les cultures : au Japon, fragment de la planète Mars échoué sur cette terre, c’est un déshonneur inenvisageable de faire du stop. Par contre, prendre un auto stoppeur est un grand honneur et certains Japonais feront même 700 km pour emmener en voiture André Brugiroux à l’étape suivante de son tour du monde !

• Les excisions des fillettes à Djibouti au moment de son voyage mais encore en pratique de nos jours chez certaines ethnies du Mali, du Sénégal et en Mauritanie..

• L’Inde, une autre dimension. Elle vous saisit à la gorge. Chaque seconde, le sublime côtoie le sordide et cette terre par excellence des paradoxes est capable de marier à la spiritualité et l’analyse de la conscience les plus hautes une indifférence absolue pour le malheur d’autrui.

Bien évidement, parti jeune de chez lui sur les routes de sa vie, son manque de connaissance de certaines coutumes lui valent quelques déconvenues administratives et judiciaires parfois, des passages en garde à vue, des nuitées au niouf. Son pire souvenir, en Afghanistan, où les soldats incultes ont l’arme particulièrement facile, les habitants peu enclins à l’hospitalité.. Assurément un pays superbe mais habité par le peuple le plus rustre qu’il lui ait été donné de rencontrer.

A l’opposé avec les Philippins, le peuple le plus gentil du monde..

Vous l’aurez compris, mon retour de lecture n’est une infime partie de ce livre-témoignage : « L’homme qui voulait voir tous les pays du monde » est un recueil d’anecdotes, d’histoires vécues au plus proche de l’humain et l’évolution de notre monde. Le tout dans une plume qui se veut très facile, imaginez vous un soir autour d’un bon feu et quelques amis qui vous racontent leur voyage..

Bizarrement, moi qui ai le sang de baroudeuse, je n’ai pas été envieuse. Certainement « le trop » de  pays. Bien que ce soit sur plusieurs années, le livre lui ne défile que sur 200 pages rendant la lecture assez dense.  Les informations fusent au rythme des pays visités. Les anecdotes médicales, les bons moments chez les locaux, les galères rencontrées aux douanes, tantôt comique comme en Ethiopie, tantôt tragique comme en Afghanistan.

Et je crois que c’est ce trop  plein qui m’a étouffé. Malgré tout, je sais que lorsqu’on voyage, on aimerait raconter aux autres, tout ce que l’on a vécu. Trop ou trop peu, difficile de faire le choix et de  résumer toute une vie dans seulement 200/300 pages.

Alors  je parlerais tout de même de ce lire témoignage en positif : il est bon de le lire, de s’imprégner de toutes ces richesses que nous offre le monde, le partage et les rencontres avec l’humain. Surtout en ce moment..

Je vous spoile carrément mais oui, André Brugiroux a bien visiter Tous les pays du monde et son périple s’est achevé en 2016. Certes, il n’y était pas en club 5 étoiles à chaque fois, mais il a tout de même traversé les états administratifs de tous les pays de notre globe.. quoique.. Lorsque j’ai lu le livre, il y a quelques mois, l’auteur approchait des 83 ans et il ne lui restait que l‘Archipel des Chagos dans l’Océan Indien. Absolument impossible d’y aborder car les Américains y ont établis la plus grosse base militaire au monde, elle reste néanmoins accessible par la mer par des navigateurs qui arrivent à y faire escale. Si par hasard des voileux passent sur ce blog… !

 

« Sur les routes, à la découverte de soi et des autres »

 

Merci aux Editions City pour cette lecture.

 

L'homme qui voulait.. Brugiroux_Parcours

Parcours d’André Brugiroux (Droits Photos)

 

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