La couleur du lait {Nell Leyshon}

ceci est mon livre et je l’écris de ma propre main. nous sommes en l’an de grâce mille huit cent trente et un, j’ai quinze ans et je suis assise à ma fenêtre. je vois beaucoup de choses. je vois les oiseaux qui piaillent dans le ciel. je vois les arbres je vois les feuilles.

et chaque feuille a ses veines.

chaque tronc a ses fissures.

je suis pas très grande et mes cheveux ont la couleur du lait

je m’appelle mary et j’ai appris à écrire mo nom. m .a.r.y. ce sont les lettres de mon nom.

je vais vous raconter les choses telles qu’elles sont arrivées mais je ne veux pas me précipiter comme les génisses au portail sinon je vais m’empiéger et de toute manière vous préférez surement que je commence par là que les gens commencent en général.

et c’est au commencement.

 

La couleur du lait

 

C’est ainsi que débute ce roman de Nell Leyshon. « La couleur du lait » nous emporte directement dans la campagne anglaise du début du siècle, avec une jeune fille de 15 ans, Mary, qui nous livrera sa vie, au fil des pages de son journal. Le visage un peu rubicond, pas très jolie et une patte folle. C’était la dernière des 4 filles : Béatrice, Hope et Violette.

Elles vivent à la ferme avec les parents et le grand père. Mary est une jeune fille, courageuse, volontaire qui a la vie des filles de son époque : le dur labeur des champs, une vie plus que modeste, l’héritage de la religion et des bonnes manières…  mais surtout peu de reconnaissance en retour.

Le père, acariâtre et peu aimant, l’envoi chez le pasteur du village – contre bonne dote. Elle est inutile aux champs alors autant qu’elle rapporte de l’argent à la famille. Mary ira s’occuper de Madame qui est malade, elle sera sa bonne. Auprès d’elle, elle apprendra la douceur et les règles de bienséance, mais travaillera aussi dur en cuisine et découvrira la lecture grâce au pasteur Graham. Au décès de Madame, Mary apprendra à ses dépends, que la vie peut parfois avoir un amer goût d’humiliations..

Mary est extrêmement touchante, son franc parler de paysanne têtue est sincère : c’est ainsi qu’elle couchera ses mots simples pour nous raconter son histoire.

Les débuts de lecture ne sont pas évident du tout : pas de majuscules, pas de tirets, les mots qui viennent comme une envie de pisser, comme une envolée de moineaux. Ils vont et se posent ici pour raconter la triste vie de Mary. Très rural, sans syntaxe, le langage est pourtant parfait. Je me souviens tant de ma Félicie à moi, Percheronne, qui parlait comme ça.

le père était au cochon, il m’a regardé entrer dans la cour

où c’est qu’elle est ta sœur ?

elle est restée à soigner un mouton

va donc au champ qu’il a dit

Un roman d’apprentissage campagnard, poignant, dur et une fin soudaine en toute en violence, qu’on ne voit presque pas venir. On ne peut que rager contre cette injustice.

Ce roman est une petite merveille.. et cette héroïne une perle de lait. Un coup de coeur ♥

 

 Traduit par Karine Lalechere

 

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Edition 10/18 ◊ 192 pages ◊ 6,60€ broché ◊ Sortie 09/2015

La couleur du lait 2

 

Et parce qu’il n’y a pas que mon avis qui compte, allez faire un tour chez eux..

 

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Les lectures de Lily

Chasing Books

 

Les petits derniers… #22

Une catégorie dont on se passerait bien tous.. mais qui fait quand même vachement plaisir, Avouons-le ! Voici les « Petits derniers » sur l’immense pile de Félicie et de sa buissonnière désormais (autant vous dire qu’on double la cata..).

Les Petits Derniers

 

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022

 

La servante du Seigneur de Jean Louis Fournier

Après les récits bouleversants et drôles consacrés à son père, ses deux fils handicapés et sa femme disparue, Jean-Louis Fournier poursuit son oeuvre de greffier de la famille. Cette fois, c’est à Marie, sa fille unique, qu’il adresse une lettre coupante et déchirante, les mots d’un père désemparé qui a égaré sa fille. Un père en colère aussi, qui cherche à comprendre pourquoi, du jour où Marie, avant si charmante et drôle, est partie « rejoindre Jésus » avec celui qu’il nomme « Monseigneur », elle est devenue odieuse et grise. Pourquoi, surtout, depuis qu’elle vit auprès d’un « allumeur de réverbères qui n’éclaire pas », elle laisse son père dans le noir. Dans l’espoir de rétablir un jour le courant entre elle et lui, Jean-Louis Fournier cherche à démêler l’écheveau de leurs pudeurs et peurs respectives. Empêtré dans ses doutes, il offre les dernières pages à sa fille où il la laisse exposer sa vérité. Un joyau littéraire comme seul Fournier sait les ciseler.

Litt. Française – Autobiographie – Père et Fille – Famille – Religion – Humour

 

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Paradis Conjugal d’Alice Ferney

Pourquoi perd-on l’amour de sa vie ? Pourquoi le doute l’a-t-il si souvent habité ? Quels regrets, quels remords en conçoivent les amants ? Où mène le lien amoureux ? Dans une famille dont le mari s’est absenté, une femme et ses enfants, attendant son retour incertain, regardent un film, Chaînes conjugales, qui met en scène ces énigmes. La vie et la fiction se répondent. Dans un face à face avec les personnages du film, ceux du roman partagent aventures et mésaventures sentimentales. Paradis conjugal réunit le cinéma, la littérature et la vie, et Alice Ferney dans ce nouveau roman poursuit son exploration du sentiment amoureux avec acuité et une sensibilité singulière.

Litt. Française – Infidélité – Femme – Psychologie – Fiction

 

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Au bonheur des Dames d’Emile Zola

Tome 11 de la saga des Rougon – Macquart

Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connait une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

Litt. française – Classique – Grands magasins – Réalisme – Commerce – Second Empire

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En mer de Toine Heijmans

Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s’annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l’horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté.
Jusqu’à cette nuit cauchemardesque où Maria disparaît du bateau alors que la tempête éclate…

Litt. Néerlandaise – Mer – Thriller – Voyage – Paternité – Psychologie

 

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L’ivresse du kangourou et autre histoires du bush de Kenneth Cook

« Il y eut une longue pause, durant laquelle Benny émit de petits bruits de bouche compatissants, et enfin le kangourou ouvrit ses deux yeux injectés de sang. Je vous jure qu’à cet instant, il a grimacé… Puis il bondit soudain par-dessus la palissade et partit comme un bolide vers la brasserie. »
Que faire face à un kangourou qui a pris goût à la bière ? Peut-être pas le poursuivre à travers toute la ville pour le mettre en état d’arrestation… sauf chez Kenneth Cook dont les mésaventures trouvent toujours une issue aussi hilarante qu’absurde. Une simple partie de voile dans la baie de Sydney, un séjour forcé dans une cabane en compagnie d’un rat, la présence d’inoffensifs lézards à bord d’un avion, tout devient homérique !

Litt. Australienne – Bush – Humour – Nouvelles – Fantastique – Aventures

 

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Ça y est, je commence à me replonger dans mes classiques du collège, histoire de leur redonner une seconde chance.. j’ose espérer qu’Emile Zola saura me séduire maintenant.

J’ai aussi tellement aimé la plume d‘Alice Ferney avec « Le règne du vivant » que je souhaite la découvrir dans un autre registre. Kenneth Cook m’a été conseillé par Bouffanges, un auteur auto édité que j’affectionne particulièrement. J’avais déjà quelques romans en numérique (non lus bien sûr… ) mais encore une fois, maintenant que je suis à terre, le papier revient en force !

Et vous alors, un roman à me conseiller parmi ces nouveaux arrivés ?

 

 

Bon dimanche à vous les copains lecteurs ..

La fille de l’hiver {Eowyn Ivey}

La fille de l'hiver

 

Nous partons pour l’Alaska, mais cette fois, pour un conte plus tendre qu’avec ceux de David Vann.

Début des années 1900, Jack et Mabel, couple d’une cinquantaine d’années s’exilent dans ce pays polaire et très solitaire. Ils souhaitent vivre reculés de tous pour permettre un deuil impossible à faire ; celui de la perte d’un enfant.

C’est au milieu de cette terre glaciale et hostile, qu’ils vont tenter de reconstruire une vie. Leur vie, celle qu’ils ont choisie. Au milieu de cette nature sauvage, où ils devront apprendre à survivre au rythme des saisons.

Jack et Mabel couple pourtant taiseux, s’offrent une soirée sous la neige, à s’amuser, à oublier leur tristesse commune et leur sentiments disparates : ils construisent un bonhomme de neige, et lui donnent l’apparence d’une petite fille. Or le lendemain, ce n’est qu’une flaque d’eau qui se trouve sur leur terrain. Mais à la grande surprise, cette flaque prend vie et c’est une jeune et jolie fillette qui se ballade dans la nature, habillée comme la veille.

L’auteure nous emporte dans cette très belle histoire fantastique. L’apparition de cette fillette se fait progressivement. Et petit à petit, elle s’invite dans cette famille avec son lot de mystères, de surprises. Chaque hiver, elle fait partie de leur quotidien, imaginaire ou non.. Mais dès les beaux jours, elle disparait.. Pour Mabel, profondément marquée par la perte de leur enfant et par un troublant conte Russe que lui lisait son père, c’est une bénédiction, mais également source de conflit avec Jack car elle est la seule à la « voir ».

Les années passent, la petite devient belle jeune fille, femme.. Leur relation s’est affirmée, dévoilée et maintenant chacun voit en cette fille une lueur de vie et d’espoir.

La plume de l’auteure est douce, simple mais pleine de magie. Malgré la rudesse du climat hivernal et les multiples descriptions de cet univers de chasse, pêche et travail aux champs, ce roman baigne sous un manteau blanc et neigeux, fait de milles paillettes, magique et rempli de tendresse. J’ai beaucoup aimé Mabel, touchante malgré sa discrétion, et Jack, rude mais aimant. La relation avec leur amis et voisins est rempli de joie et d’amitié sincère, pourtant si différents.

Un roman qui pourrait aussi bien plaire à nos grands ados et aux plus jeunes amoureux des contes magique et rigoureux.

 

Lecture numérique

 

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Chez 10/18 ◊ 480 pages ◊ 8,40€ ◊ 12/01/2012

 

Et parce qu’il n’y a pas que mon avis qui compte, d’autres lecteurs plus ou moins conquis :

L’imaginarium

Au paradis du livre