Les trois sœurs qui faisaient danser les exilés {Aurélia CASSIGNEUL-OJEDA}

Gabriele se sépare de Nadine.. ou peut-être que c’est elle qui le quitte. Lui qui avait tant besoin de tendresse et d’attention et elle qui ne voulait pas en donner. La lassitude a gagné. C’est vers Cerbère, village frontalier avec l’Espagne, qu’il posera ses valises et tentera un nouveau départ proche de la mer. Il y achète une vieille bâtisse « La maison des fleurs », appelée ainsi car une une famille avec 3 filles prénommées Bégonia, Flora et Rosa y habitait dans les années 30.

En acquérant cette demeure, il ne sais pas qu’il hérite également de tout un pan d’histoire Espagnole qu’ont vécu ces jeunes femmes et leur père durant l’époque Franquiste et après. Grâce à la boulangère du village, avec qui Gabriele ‘sympathise’, il commence à recevoir les anecdotes de la villa, et de tous les petits secrets qu’elle renferme. De plus, de nombreux objets personnels ont été laissé, un peu à l’abandon lorsque les 3 filles sont parties, l’une après l’autre, faire leurs vies.

Au fil des jours il lis les carnets intimes de Flora qui consignait leurs journées, des dessins ainsi qu’une énorme tapisserie brodée par Rosa. Tous ces souvenirs retracent une époque dure de l’histoire d’Espagne. Il découvrira que « La maison des fleurs », aujourd’hui bien calme, a connu des heures mouvementées.

C’est au travers de toutes ces pages de journaux que nous apprendrons sur cette douloureuse partie de l’Histoire qui a fait fuir de nombreux Espagnols pour survivre : la Retirada suivie de la résistance… Cette bâtisse est située sur la frontière entre l’Espagne et la France, retirée du village et au détour de bois permettant aux exilés de se cacher. Flora, Bégonia et Rosa ont très souvent risqué leurs vies en voulant aider ces Républicains. Mais qu’importe, cette humanité qu’elles avaient en elles et le besoin d’aider son prochain étaient évidents.

Rosa brodait tous ces instants de vies sur la tenture, des personnes qui les ont marqué, qui leur manque, des événements importants qu’abritait leur maison.. Flora écrivait les peines et les douleurs de ces gens de passage, de ces enfants aux regards apeurés et de leurs parents qui craignaient pour leur survie à tous, pour des lendemains incertains.

Dans leur fuite, ces exilés trimballaient dans leurs bagages un peu de leur vie d’avant, leurs joies, leurs craintes, leurs rires, leurs histoires. Mais de ces rencontres parfois très succinctes, des relations sincères se sont poursuivies avec le temps. De cet espoir éphémère, est aussi né l’amour. Car la vie à « La maison des fleurs » était malgré tout, souvent joyeuse, gaie et comblée d’instants d’insouciance. Ici ils étaient ensembles, plus forts. Ils avaient un endroit à eux où ils n’étaient ni exilés, ni étrangers. Pour ne pas penser à demain.

Gabriele est finalement peu présent dans ce roman : les vraies Héroïnes sont bel et bien «Les trois sœurs qui faisaient danser les exilés ». Mais la découverte de la réalité de cette période, lui permettra de faire enfin le parallèle avec sa propre existence et son passé familial, lui aussi exilé d’Italie. Il n’en a que de vagues souvenirs flous mais se rappelle avoir dû fuir très jeune avec ses parents. Puisse t’il faire la paix avec la révélation d’un secret bien gardé ? Peut-il lui aussi envisager une nouvelle vie alors qu’il pense être passé à côté avec Nadine ? Arrivera t’il à continuer sans elle, lui qui ne sait pas défaire les liens d’amour ?

Aurélia Cassigneul-Ojéda retrace une sombre période, elle raconte l’exil, la peur et les trahisons qu’ont vécu ces échappés. Son écriture est percutante tout en restant délicate et poétique. Un beau roman sur la résilience et l’amour, la vie et les difficultés à exister dans un monde qui ne veut plus de vous..

Un grand merci aux Ateliers Henry Dougier pour leur généreux envoi, ainsi que pour leur patience.

Fiche produit chez l’Éditeur – Collection Littérature – Parution Juin 2020 – 280 pages – 19€

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Les parutions prochaines

Je ne suis pas l’addict parfaite à l’affût des rentrées/sorties littéraires, mais j’avoue sans complexe que je guette tout de même les parutions des maisons d’éditions et des quelques auteurs que j’affectionne particulièrement. La singularité de la chose est que je n’achète que très très rarement (jamais ?!) un livre dès sa sortie mais allez savoir, j’aime bien apprendre ce que me réservent les auteurs et M.E. de mon cœur (et accessoirement, ce qui rejoindra ma pile à lire à un moment ou un autre) ! Quant à vous, si vous faites partie de celles et ceux qui dégainez la cb dès la sortie, voici une petite liste non exhaustive de ce qui va paraître dans les prochaines semaines – qui n’engage évidement que mes goûts personnels !

Gallmeister

Forcément, David Vann, LE David Vann qui divise avec sa plume ciselée des abysses les plus noires de l’âme humaine. C’est pour moi un auteur à part.

Sur l’invitation de son frère aîné Roy, Tracy quitte la Californie et rejoint l’île de Komodo, en Indonésie. Pour elle, délaissée par son mari et épuisée par leurs jeunes jumeaux, ce voyage exotique laisse espérer des vacances paradisiaques : une semaine de plongée en compagnie de requins et de raies manta. C’est aussi l’occasion de renouer avec Roy, qui mène une vie chaotique depuis son divorce et s’est éloigné de sa famille. Mais, très vite, la tension monte et Tracy perd pied, submergée par une vague de souvenirs, de rancœurs et de reproches. Dès lors, un duel s’engage entre eux, et chaque nouvelle immersion dans un monde sous-marin fascinant entraîne une descente de plus en plus violente à l’intérieur d’elle-même, jusqu’à atteindre un point de non-retour. 
Avec ce portrait trouble d’une femme en apnée, David Vann confirme son immense talent pour sonder les abysses de l’âme humaine.

Parution le 4 mars 2021

304 pages – 22,80€

Seule rescapée d’un accident d’avion, Cloris Waldrip, soixante-douze ans, se retrouve piégée au fin fond des montagnes du Montana. Face à la nature impitoyable, elle ne peut compter que sur sa ténacité pour survivre. La ranger Debra Lewis, résolue à la secourir, se lance sur sa piste, suivie de quelques autres sauveteurs. Mais les jours passent, et l’espoir s’étiole. Quand, épuisée, Cloris se trouve confrontée à ce qu’elle prend pour un miracle, puis pour un fantôme, elle hésite à en croire ses sens. Mais s’il existe quelque part un royaume des spectres, ce pourrait bien être dans les forêts du Montana.

Emplie d’éléments naturels envoûtants, cette surprenante aventure réunit des personnages troublants et inattendus qui s’accrochent désespérément à la vie.

Parution le 4 Février 2021

400 pages – 24€

Libraire spécialisé en roman policier, Malcolm Kershaw reçoit la visite surprise du FBI. L’agent Gwen Mulvey enquête sur deux affaires étranges : une série de meurtres qui rappelle un roman d’Agatha Christie, et un « accident » qui fait écho à un livre de James Cain. Elle espère donc que l’avis d’un expert du genre lui permettra d’interpréter correctement les (rares) indices à sa disposition. Et ce n’est pas tout : Malcolm, quinze ans plus tôt, a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits”, où figuraient ces deux intrigues. Serait-il possible qu’un tueur s’en inspire aujourd’hui ? Très vite, l’angoissante certitude s’impose : le tueur rôde déjà à proximité. Malcolm commence à le voir partout, et sent un véritable nœud coulant se resserrer autour de son cou.

Une intrigue irrésistible et une brillante variation autour du roman policier, avec en filigrane cette question éternelle : le crime parfait existe-t-il ?

Parution le 4 Février 2021

352 pages – 23,40€

Aux Ateliers Henry Dougier

« Quand tu auras vingt ans, nous te marierons »

Ma mère m’avait prévenue. Ce jour-là, elle passa la tête par la porte entrouverte de ma chambre et annonça : « C’est une affaire réglée. » Puis elle retourna à ses occupations ménagères. Nina a sept ans lorsqu’elle est promise à un homme de presque trente ans son aîné, un homme dont elle ignore tout, du visage au nom. L’homme est riche et puissant, c’est amplement suffisant pour ses parents qui ne voient en lui que leur propre enrichissement. Devant le village rassemblé, la promesse du mariage est prononcée. Or, là d’où vient Nina, la parole donnée est une parole sacrée. Dans ces montagnes, la langue et le regard acéré des hommes peuvent être meurtriers. Alors, quelques années plus tard, quand le futur mari disparaît, les ennuis commencent…

Parution le 4 mars 2021

192 pages – 16€

J’aime énormément la collection « Une vie, une voix » qui regorge de beaux témoignages de personnes d’apparence ordinaire, avec un passé chargé de sentiment et de sincérité.. Les thèmes ne m’inspirent pas toujours (comme ici le Foot) mais ils ont beaucoup à nous apprendre.

« Encore sous l’effet de l’adrénaline, Luigi empoigna son nez dans sa main droite et, d’un coup sec, accompagné d’un craquement d’os fracassant, il le remit en place comme on remet un nœud de cravate. »Depuis près d’un demi-siècle, Luigi Alfano défend les couleurs d’une seule et même ville : Toulon.Giovanni Privitera retrace la vie et la passion de ce footballeur italien devenu entraîneur du Sporting Club de Toulon. Il revient sur son enfance napolitaine, son parcours vers le monde professionnel, ses confrontations aux vedettes internationales du championnat de France et ses aventures rocambolesques sur les pelouses de France et de Navarre avec son équipe de toujours. On y retrouve aussi sa pugnacité, son jeu de tête unique et son nez légendaire. Ce récit nous plonge avant tout dans un football d’un autre temps, avec ses codes, ses valeurs, ses travers.

Parution 25 Février 2021

132 pages – 16€

Monsieur Toussaint Louverture

Entre les amis de toujours et les nouveaux venus, les idées saugrenues et le bon sens qui pointe son nez, Anne nous entraîne dans les aléas de la vie douce et enchanteresse d’un village hors du temps. Avec ses yeux gris qui brillent comme les étoiles du soir et ses cheveux roux toujours aussi mordants que son tempérament, Anne, désormais âgée de seize ans, a su gagner l’affection des habitants d’Avonlea. Alors qu’elle prend ses fonctions d’institutrice, son caractère se dévoile tout en nuances et envolées idéalistes. Elle fera de nouvelles rencontres, comme Monsieur Harrison, leur voisin à Green Gables, ou Mademoiselle Lewis, qui vit dans le Pavillon aux échos. Il y a également Paul, un élève fascinant et, à n’en pas douter, une future âme sœur, ou les jumeaux Dora et Davy qui débarquent à Green Gables histoire d’épicer le quotidien enfin paisible de Marilla. Alors qu’Anne devient une jeune femme, les péripéties de son existence nous enchantent toujours autant qu’elles nous touchent.

Parution le 18 Février 2021

352 pages – 16,50€

Aethalidès

Ils ne pensent pas vraiment à nous. Pourtant certains se montrent gentils. Certains se montrent même intelligents, fins, spirituels. Cela ne change rien. Même pour ceux-là, nous devenons des chiennes si nous les imitons, si nous nous montrons intelligentes, fines, spirituelles. Les hommes ont comme un œil crevé, et c’est cet œil qui nous regarde.

Un indice ? Elle est la plus belle femme du monde. Et elle est la source d’un conflit qui depuis dix années se déploie à ses pieds, dans la plaine, au bas des murailles qui la maintiennent recluse. Cela vous dit quelque chose ?

Parution le 9 Févier 2021 – 18€

Christophe Esnault : quatorze ouvrages publiés, plus de deux cent articles ou chroniques en revues – une créativité & énergie débordante… Mais aussi un combat : celui contre la dysphorie, à laquelle il est confronté depuis plus de vingt ans, avec pour adjuvant (ou opposant ?) le recours chimique.

C’est le récit de ce combat qu’il nous livre de main de maître, dans un flux ininterrompu, explosif et inventif, emmené avec puissance, rythme, précision et poésie.

Parution le 11 mars 2021 – 18€

Eyrolles Edition

Mélanie Taquet.. pour de la fraîcheur ! Et parce que je l’adore, un point c’est tout.

À trente et un ans, Emma est une femme-enfant qui peine à trouver sa place. Forte mais fragile, hypersensible et introspective, elle passe ses soirées devant Netflix ou à rédiger des chroniques littéraires pour son blog, vagabonde dans Londres et écrit pour oublier les problèmes de sa vie. Quand la jeune femme accepte de suivre Chiara, sa meilleure amie et colocataire à une soirée au pub, elle est loin de se douter que l’ambivalent Bilal, fantôme d’une relation interdite, va refaire une entrée fracassante dans sa vie et tout bouleverser sur son passage. Comment garder la tête froide face à cette passion dévastatrice qui l’habite et l’abîme ? Avec l’aide de Chiara et de son « Carnet des petits bonheurs », Emma va apprendre que la vie n’est pas toujours rose, que la douleur s’apprivoise, et que grandir n’est pas une sentence… Un tendre roman d’amitié, une quête de soi qui nous embarque avec humour et émotion entre Londres, Prague et Paris.

Parution le 4 Février 2021

252 pages – 16€

Y a t’il un roman qui vous tente parmi ceux-ci ? quel auteur « guettez » vous de votre côté ?

A très bientôt pour des parutions jeunesse..

Bon week-end à vous, bises masquées.

L’âge fragile {Valérie Mollière}

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Valérie Mollière est infirmière coordinatrice en EPHAD.

Dans « L’âge fragile », elle nous raconte son quotidien de travail, ses rencontres avec les patients, leurs histoires, leurs doutes, mais aussi leurs joies : Monique, 87 ans, livre avec pudeur son amour de jeunesse disparu ; Marguerite qui témoigne des ses troubles de la mémoire ; Wassim partage quant à lui sa bonne humeur.
On part aussi bien sûr, à la rencontre du personnel, des professionnels de santé qui aiment leur métier, et qui malgré les difficultés, prennent soins des patients, avec constance et fidélité.

Car il faut réaliser qu’une arrivée en Ephad, est un changement de vie vécu comme un traumatisme pour nos anciens : quitter leur domicile rassurant pour atterrir vers un inconnu – qui sera leur dernière demeure sur terre.. Nous nous devons de préserver la dignité trop souvent oubliée. Le personnel soignant doit alors avoir un rôle très humain et une présence rassurante pour réaliser un accompagnement dans la douceur.

Comme beaucoup de témoignages, il est difficile d’émettre un jugement, un avis. Je pense d’ailleurs qu’il n’est pas utile de dire si cela est bien écrit ou pas. Comme toute chronique, un témoignage est subjectif car seul le ressenti de l’auteur (du roman ou de la chronique) compte. Cependant, on peut tout de même souligner quelle partie l’auteur à souhaité défendre. Ici c’est clairement un témoignage utile pour mettre en lumière et gratifier le comportement de certains professionnels. Leur rôle auprès des personnes de grand âge est noble et nécessaire.

Pour ma part, j’ai aimé ce livre, pour le coté apprentissage et connaissance du métier, mais j’en ressors un peu chiffonnée sur un point : son témoignage si parfait, ses mots, ses soins, ses attentions ne seraient elles pas écrites pour redorer le blason de ce personnel  encore aujourd’hui, peu enclin au respect ? Au début de « L’âge fragile », l’auteure nous livre un souvenir douloureux d’une expérience passée quelques années plus tôt, le long des couloirs d’un hospice parisien où les vieux attendaient que  la mort les soustraie à une existence où la transparence prévalait sur la reconnaissance. Bon nombre d’aides-soignants – malheureusement – ne prennent pas la peine de les  traiter comme elles méritent..

Pareil à d’autres corps de métier, il y a des personnes bienveillantes et les autres : combien de rapports ont été rendus pour signaler les mauvais traitements donnés à nos anciens, dans de trop nombreuses institutions ? Je ne mets pas tout le monde dans le même sac, alors je décide de lire ce témoignage comme un hommage à tous les autres qui savent être si professionnels, et dépassent même le cadre du travail pour donner de cet amour et ce respect dont nos anciens ont tant besoin en ce lieu.

Alors pour cela, merci Valérie Mollière.

 

La vieillesse est plurielle, miroir de toutes les humanités rassemblées. Il existe, depuis toujours, de vieux fous, de vieux sages, des vieux tristes, des vieux heureux, des vieux qui se  flétrissent et d’autres qui s’accomplissent, vivant comme des funambules, sur le fil ténu du temps.

 

Service presse confié par les Ateliers Henry Dougier

 

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Ateliers Henry Dougier (lien) ◊ 167 pages ◊ 14€ broché ◊ Sortie 10/2018

 

Et d’autres lecteurs en parlent…

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Mes petites boites

 

 

Pour te voir cinq minutes encore {Aurélie Le Floch}

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Bonjour à tous,

Encore une couverture minimaliste mais qui retient le noyau essentiel de ce qui reste en suspens, au moment où l’on termine le livre.. Aurélie le Floch nous livre un récit personnel, très intime au sujet tabou – encore en 2019. Son père est décédé du sida en 1994, triste époque de l’éclosion de cette maladie très vite jugée de « maladie des pédés.. » Comme elle le dit si bien, il y a encore trop peu de personnes avec lesquelles elle peut parler librement du décès de son père sans craindre de réaction épouvantée ou indélicate.

Dans ce roman, elle raconte son avant-être, les années d’amours passionnelles des adultes, des secrets de famille quelquefois mal cachés et qui une fois mis en lumière, ‘cataclysment’ les utopiques vies maintes fois rêvées et tracées.

On découvre sa tendre enfance, son adolescence, ses doutes, ses questionnements, ses certitudes, son mal-être. Au divorce de ses parents, elle se baladera contre son gré entre deux mondes bien distincts. le monde de sa mère, froid, dans lequel elle ne trouve pas sa place, rempli d’humiliations répétées, quand sa mère ne l’oublie pas à la sortie de la piscine… de l’autre, ce trop peu avec son père qu’elle ne voit que lorsqu’il exerce son droit de visite : une vie de lumière et de chaleur, un monde où règne l’amour, un monde où on l’aime « trop ».. Un monde où elle existe et elle vit.

En grandissant, ce qu’Aurélie préfère, ce sont les été à Rennes : ses « Endless Summer », tous les étés se ressemblent mais elle ne s’en lasse jamais : la joie, les copains de papa, la plage, la chaleur, la liberté, toujours.. D’ailleurs, les copains de papa, c’est vers 10 ou 11 ans qu’elle rentre enfin dans les secrets de la plage, qu’elle a enfin le droit d’aller se balader avec lui et découvrir son cercle d’amis si proches.

Le rapport à la maladie n’arrive qu’en fin de roman en fait, le dernier quart : son père l’a quitté 1 an après l’annonce de la maladie, quand l’entourage ose enfin parler, avouer. Tous ces mois dans l’ignorance, certainement pour la protéger mais où les vrais mots lui arrivent comme des certitudes en cours d’éducation sexuelle.. Ces derniers mois perdus, ces quelques minutes qu’elle aurait voulues – encore avec lui.

Malgré un sujet dur de ce roman, elle y met quelques petites touches d’humour, héritage évident du tempérament de son cher père.. Par la plume, le vocabulaire lors de certaines situations « Ils savent y faire, les gars » et l’épisode de la douche lorsque Daniel habite en cachette chez Françoise !

Ce roman, bien que ‘simple » tranche de vie personnelle au départ, soulève aussi des sujets – que je partage pour beaucoup : l’éducation, la vision de la vie que l’on donne à nos enfants, les sujets ou discutions que l’on aborde avec eux, forment indéniablement les adultes de demain. Les aléas de la vie, parfois cruelle soulèvent eux aussi des interrogations et des réflexions avancées sur l’existence, la mort, la sexualité, les relations amoureuses.

Ce qui se dégage évidement de ce témoignage, c’est tout l’amour que cette jeune fille à pour son père, toute cette adoration pour son rayon de soleil et de vie et pour les valeurs qu’il lui a inculqué : le travail malgré tout, la réussite et le gout des choses bien faites, mais aussi la liberté de vivre dans la joie et l’amour.

 

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Résumé : Témoignage d’une enfance confrontée au sida
 » Le 31 janvier 1994, mon père est mort du sida. J’avais quinze ans, lui trente-six. Durant sa courte vie, il a aimé des femmes et des hommes, puis ce mal sournois l’a emporté très vite… « 

À travers ses yeux d’enfant puis d’adolescente, Aurélie Le Floch raconte une jeunesse, sa jeunesse, et cette relation père-fille à la fois sensible et pudique. Elle se remémore tout en flashback la joie des vacances près de la Baule avec  » les amis de la plage « , les séparations douloureuses, les premiers signes de fatigue de son père, l’impossibilité d’en parler.
Elle se souvient surtout de cet homme, un personnage libre et solaire, souvent absent et pourtant si présent.

 

HD Pour te voir cinq minutes encore

Les yeux d’Arthur {Jean-Frédéric Vernier}

 Sortie le 7 Février 2019

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Bonjour tout le monde,

Une toute nouvelle collection voit le jour très prochainement, aux Ateliers Henry Dougier, en voici un des 3 premiers titres.

Comme vous pouvez le voir, les couvertures de ces romans sont très simples, l’addict que je suis les trouve bien ordinaires, le premier coup d’œil n’est pas décisif pour une fois. Et puis on n’en comprend l’idée qu’une fois le livre terminé : l’essentiel est là, dans ces quelques pages, pas besoin de plus.. Nous rayons même le superflu pour ne retenir que l’essence des sentiments et des tranches de vie que l’on va lire. « Les yeux d’Arthur » n’est pas une fiction,  pas de vaisseau spatial ou de meurtrier en série ; c’est un récit, un témoignage très intime.

Jean-Frédéric est bénévole accompagnant pour Les Petits Frères des Pauvres : il va rencontrer et suivre Arthur, malade et handicapé mental.  Le résumé m’a tout de suite interpellé mais j’avoue qu’une fois le roman commencé, j’ai été prise d’un certain malaise : pour être très honnête, j’ai failli arrêter ma lecture en chemin.. Ce récit est tellement intime que je ne me sentais pas à ma place, j’avais l’impression de voler cette relation qu’on eu  Jean-Frédéric et Arthur, d’épier leurs échanges, de briser ce lien.. bref, que leur histoire ne me regardais pas. Je crois aussi que la pathologie d’Arthur m’a mise mal à l’aise, tout comme les passants qu’ils croiseront, parfois. Ne pas connaitre, ne pas comprendre..

Et puis, je me suis dit qu’il fallait quand même que j’aille au bout, je n’aime pas arrêter un livre, surtout pour cette raison. Je me suis rendue compte qu’au fil de ces quelques pages,  Arthur m’appelait. Il m’avait aussi touché et je voulais le connaitre encore plus… Alors j’ai continué, parcouru ce roman avec beaucoup de pudeur mais tellement d’intérêt malgré la bulle dans laquelle Jean-Frédéric et Arthur ont su se loger : ils ont créer leur cocon et tisser un lien au fil des rencontres. Nous sommes justes spectateurs…

C’est Jean-Frédéric qui parlera durant tout le roman, il posera la lumière sur cette relation si particulière, pudique, sincère et profonde et la manière qu’il a eu d’apprivoiser Arthur.. Alors, nous admirerons surtout Arthur et ses folies, ses émotions, ses amours, ses mots..  J’ai été très émue par ce personnage si tendre, si fermé, si timide et si généreux à sa façon ;  Arthur nous happe dans son quotidien et j’ai appris, malgré moi à appréhender la maladie mentale sans la ‘juger’, ni avoir peur. Cette maladie est emplie d’obsessions corporelles, verbales ou mentales et les premières fois ne sont pas évidentes.

Arthur s’exprime de plus en plus souvent, de plus en plus fort. Il n’hésite pas à apostropher  celles et ceux qui agissent mal, selon ses propres vues. L’incivilité le choque, ainsi que l’indifférence à l’égard des faibles. Ses mots, soudains et concis, les reproches qu’il adresse aux gens s’abattent comme la foudre. Ils surgissent avec une violence brève et cinglante. Certains passants retiennent leur souffle en découvrant Arthur, avatar inopiné de la justice.

La plume est simple, sans fioritures, vraiment naturelle. Jean-Frédéric nous retranscrit Arthur dans toute sa splendeur, au rythme de ses élocutions si  particulières !

Ce roman est un magnifique hommage, merci à l’auteur pour nous avoir fait partager un moment de son histoire avec Arthur,

Et bien sûr, merci Arthur ♥ vous avez raison..

« On est bien ensemble.. hein ? « 

 

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Résumé : « Tu me tiendras la main, Frédéric ? Tu tiendras la main d’Arthur ? Du début à la fin ? » Chaque lundi, Jean-Frédéric Vernier vient voir Arthur dans son foyer du 16e arrondissement de Paris. Jean-Frédéric est bénévole accompagnant pour les petits frères des Pauvres ; Arthur, lui, est un vieil homme handicapé mental. Au fil de ces rencontres, de ces moments partagés, un lien fort, tendre et subtil se tisse entre les deux hommes, source d’étonnement et de réconfort pour l’un comme pour l’autre. L’auteur nous plonge dans les joies, les peines et les obsessions d’Arthur, nous invitant ainsi à découvrir son univers.

Ateliers Henry Dougier – Sortie le 7 Février – 136 pages – 14 €uros

Je vous invite à vous renseigner sur les 2 autres titres de la collection « Une vie, une voix »

Philippe Gaboriau, Mireille, ouvrière de la chaussure :

https://fr.calameo.com/books/0055539606bfc068c08cb

Aurélie Le Floch, Pour te voir cinq minutes encore :

https://fr.calameo.com/books/005553960a75ff6af6dac

 

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Merci à Marine pour sa gentillesse et aux Ateliers Henry Dougier pour leur confiance renouvelée cette année encore, en me faisait découvrir cette prometteuse collection…

 

Les yeux d'Arthur