S’inventer une île {Alain GILLOT}

Dani travaille en Chine, sur des gros chantiers. Un jour, un appel va bouleverser sa vie : Tom, son fils de 7 ans vient de se noyer alors qu’il était en vacances chez la grand-mère.

Un retour en France, des funérailles, l’administratif.. Nora sa femme vide toutes les affaires du jeune garçon, très vite, pour passer à autre chose et puis, Dani réalise, il se retrouve face à la réalité. Son fils ne reviendra plus.

Que fait-on maintenant que nous sommes seuls avec notre peine ?

Dans ce roman, la vraie histoire commence ici : une fois que tous ces évènements sont racontés sur quelques pages. C’est vrai tout va très vite, l’annonce, le retour, la préparation et le jour de l’enterrement. Pas le temps de s’apitoyer, pas d’étalages sur l’évènement, la cérémonie, ni même sur les sentiments de chacun. Dani n’assistera même pas à la mise en bière, ne versera pas de larmes.

Je crois que nous n’avons pas le temps de pleurer en fait, tellement c’est rapide.

Et puis arrive ce temps maudit où il faut continuer à vivre, reprendre sans Tom. Nora et Dani réagissent de manière si différente, tellement de mois déjà qu’ils ne sont plus vraiment un couple, il vivent peu ensembles et s’éloignent encore plus.

La douleur est intime, alors quand Nora se morfond à Paris, dans la foule, Dani se loue une maisonnette sur Belle-île pour s’isoler. Sauf que là bas, il est avec Tom. Comment est-ce possible ? Folie ?

Réticent, il prend finalement cette seconde chance pour eux.

Retrouver le rire de son enfant, ses mots, ses colères aussi.. Les journées sont faites de moments simples de bonheur : ils mangent des crêpes, font des châteaux de sable, colorient, prennent des bains, font du vélo.. Tous ces choses qu’il n’a pas eues avec son fils, parce qu’il a privilégié un temps, sa carrière.

Ces moments dont Dani a besoin, comme pour déculpabiliser de na pas avoir été suffisamment là, il va se les créer, amasser des souvenirs avec Tom. C’est son moyen de faire le deuil, de le retenir encore un peu, il se gave de bons moments. Il prend le temps d’accepter. Une parenthèse d’amour, d’un père pour son fils. Un refuge.

C’est vrai qu’il n’a rien montré le jour des funérailles, mais hébété, il ne réalisait pas. La tristesse était coincée là..

J’ai aimé lire les mots d’un père, car trop souvent, ce sont leurs points de vues qui sont dévoilés, elles les mères qui èrent. Un homme aussi peut être triste, perdu.. fou.

J’ai beaucoup aimé en fait, oui. Pas de grands effondrements, pas d’apitoiement.. juste les mots d’un père dévasté et qui passe le deuil à sa façon.

Bien que ce soit un roman sur le décès d’un enfant, la plume d’Alain Gillot est restée subtile, sensible, simple, les mots sont justes et finalement ce texte est beau et apaisant, rempli de joie.

Ce roman invite aussi à se recentrer sur l’instant présent, vivre ce qu’on a à vivre.

Certes le côté surnaturel peut rebuter, mais il ne m’a pas semblé si invraisemblable.. qui n’a jamais parlé avec un défunt ? Qui n’a jamais cru que nos proches étaient encore à côté ?

Une très belle lecture pour moi ♥♥

Flammarion – Parution Février 2019 – 208 pages – 17€

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Pêche {Emma GLASS}

Pêche, jeune adolescente, va subir un viol, alors qu’elle rentre chez elle un soir. Choquée, blessée, dépecée par ce qui vient de lui arriver, elle va sombrer dans une douce folie.. tout en gardant une lumière d’espoir. Ce roman, c’est la narration d’une ado violée qui décide de ne rien dire pour tenter de se reconstruire et avancer dans un monde imaginaire.

« Pêche », c’est un roman qui interpelle obligatoirement mais au final, pas pour son sujet : c’est plutôt le style employé qui en fait quelque-chose de déconcertant. Le ton est dynamique, les dialogues incrustés dans le texte, les personnages ont des noms… bizarres : Vert, Sable, Mélasse le prof, Bébé.. Comme si ces surnoms les caractérisaient et les faisaient passer dans son nouveau monde.

Le petit ami de Pêche, Vert, est très présent et proche d’elle, de nature bienveillante même sans connaître le terrible secret. Mais d’autres protagonistes un poil inutiles sont là ; des parents qui ne pensent qu’au sexe, copulent partout et en parlent librement à leur fille. Quelque peu malsain…

C’est normal, Pêche. Faire l’amour c’est bien. Maman et moi on le fait tout le temps. On vient juste de le faire sur la table de la cuisine. C’est la nature humaine, Pêche, tu n’as pas à être gênée. Vert a bien de la chance. La plupart des filles attendent d’être mariées pour coucher. Mais pas notre Pêche. Et nous sommes fiers de toi. C’est bien d’avoir de l’expérience, et si t’as la chance d’avoir un bébé, c’est encore mieux.

Une écriture vive et très rythmée qui flirte avec le loufoque, l’absurde et le réel. Phrases courtes, hachées parfois simplement habitées d’un seul mot, cru, noir.. gras. Répétitifs aussi. Mais Pêche nous décrit là toute l’horreur qu’elle a subi, les scènes sont justes surréalistes, elle explique ici sa solitude, son mal être et la violence des actes. Notamment celui où elle doit se recoudre les parties intimes, seule.

Un rapport à la nourriture est aussi très présent, son agresseur est catalogué de saucisse grasse et Pêche a toujours des relents de nourriture qui la hantent. Tout comme son bourreau qui continue de la suivre jusqu’à sa porte, tous les jours.

« J’ai envie de dire des choses mais je ne sais pas comment ordonner mes mots. Les phrases dérapent dans ma tête. Salade de mots. Salade de cervelle. Salade de pensées. Salade sémantique. Salade de semence. Ma cervelle en salade. Va, Vert. Vibre et vole. »

Poétique et Musical ?

Mais j’avoue, je n’ai pas trop compris où l’auteure souhaitait m’emmener ou ce qu’elle voulait me faire comprendre. J’ai terminé ma lecture car je déteste donner mon avis sur un livre que je n’ai pas fini. Avoir un avis alors que l’on a pas toutes les cartes en main c’est comme dire qu’un tableau est moche sans l’avoir regardé.

Je ne peux pas dire que ce roman ait été apprécié : je me doute bien qu’un viol est une épreuve mais la façon de le raconter est vraiment déroutante. Est-ce un exutoire, du déni ou .. ? Ma lecture n’a pas été agréable mais bizarrement, elle m’aura marqué. C’était une expérience au goût de gras.

Les petits derniers… #22

Une catégorie dont on se passerait bien tous.. mais qui fait quand même vachement plaisir, Avouons-le ! Voici les « Petits derniers » sur l’immense pile de Félicie et de sa buissonnière désormais (autant vous dire qu’on double la cata..).

Les Petits Derniers

 

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022

 

La servante du Seigneur de Jean Louis Fournier

Après les récits bouleversants et drôles consacrés à son père, ses deux fils handicapés et sa femme disparue, Jean-Louis Fournier poursuit son oeuvre de greffier de la famille. Cette fois, c’est à Marie, sa fille unique, qu’il adresse une lettre coupante et déchirante, les mots d’un père désemparé qui a égaré sa fille. Un père en colère aussi, qui cherche à comprendre pourquoi, du jour où Marie, avant si charmante et drôle, est partie « rejoindre Jésus » avec celui qu’il nomme « Monseigneur », elle est devenue odieuse et grise. Pourquoi, surtout, depuis qu’elle vit auprès d’un « allumeur de réverbères qui n’éclaire pas », elle laisse son père dans le noir. Dans l’espoir de rétablir un jour le courant entre elle et lui, Jean-Louis Fournier cherche à démêler l’écheveau de leurs pudeurs et peurs respectives. Empêtré dans ses doutes, il offre les dernières pages à sa fille où il la laisse exposer sa vérité. Un joyau littéraire comme seul Fournier sait les ciseler.

Litt. Française – Autobiographie – Père et Fille – Famille – Religion – Humour

 

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Paradis Conjugal d’Alice Ferney

Pourquoi perd-on l’amour de sa vie ? Pourquoi le doute l’a-t-il si souvent habité ? Quels regrets, quels remords en conçoivent les amants ? Où mène le lien amoureux ? Dans une famille dont le mari s’est absenté, une femme et ses enfants, attendant son retour incertain, regardent un film, Chaînes conjugales, qui met en scène ces énigmes. La vie et la fiction se répondent. Dans un face à face avec les personnages du film, ceux du roman partagent aventures et mésaventures sentimentales. Paradis conjugal réunit le cinéma, la littérature et la vie, et Alice Ferney dans ce nouveau roman poursuit son exploration du sentiment amoureux avec acuité et une sensibilité singulière.

Litt. Française – Infidélité – Femme – Psychologie – Fiction

 

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Au bonheur des Dames d’Emile Zola

Tome 11 de la saga des Rougon – Macquart

Octave Mouret affole les femmes de désir. Son grand magasin parisien, Au Bonheur des Dames, est un paradis pour les sens. Les tissus s’amoncellent, éblouissants, délicats, de faille ou de soie. Tout ce qu’une femme peut acheter en 1883, Octave Mouret le vend, avec des techniques révolutionnaires. Le succès est immense. Mais ce bazar est une catastrophe pour le quartier, les petits commerces meurent, les spéculations immobilières se multiplient. Et le personnel connait une vie d’enfer. Denise échoue de Valognes dans cette fournaise, démunie mais tenace. Zola fait de la jeune fille et de son puissant patron amoureux d’elle le symbole du modernisme et des crises qu’il suscite. Zola plonge le lecteur dans un bain de foule érotique. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.

Litt. française – Classique – Grands magasins – Réalisme – Commerce – Second Empire

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En mer de Toine Heijmans

Las du quotidien de sa vie de bureau, Donald décide de partir naviguer seul pendant trois mois en mer du Nord. Maria, sa fille de sept ans, le rejoint pour la dernière étape qui doit les ramener du Danemark aux Pays-Bas, où ils retrouveront sa femme. Mer étale, complicité entre le père et la fille: la traversée s’annonce idyllique. Mais rapidement, les nuages noirs se profilent à l’horizon, et Donald semble de plus en plus tourmenté.
Jusqu’à cette nuit cauchemardesque où Maria disparaît du bateau alors que la tempête éclate…

Litt. Néerlandaise – Mer – Thriller – Voyage – Paternité – Psychologie

 

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L’ivresse du kangourou et autre histoires du bush de Kenneth Cook

« Il y eut une longue pause, durant laquelle Benny émit de petits bruits de bouche compatissants, et enfin le kangourou ouvrit ses deux yeux injectés de sang. Je vous jure qu’à cet instant, il a grimacé… Puis il bondit soudain par-dessus la palissade et partit comme un bolide vers la brasserie. »
Que faire face à un kangourou qui a pris goût à la bière ? Peut-être pas le poursuivre à travers toute la ville pour le mettre en état d’arrestation… sauf chez Kenneth Cook dont les mésaventures trouvent toujours une issue aussi hilarante qu’absurde. Une simple partie de voile dans la baie de Sydney, un séjour forcé dans une cabane en compagnie d’un rat, la présence d’inoffensifs lézards à bord d’un avion, tout devient homérique !

Litt. Australienne – Bush – Humour – Nouvelles – Fantastique – Aventures

 

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Ça y est, je commence à me replonger dans mes classiques du collège, histoire de leur redonner une seconde chance.. j’ose espérer qu’Emile Zola saura me séduire maintenant.

J’ai aussi tellement aimé la plume d‘Alice Ferney avec « Le règne du vivant » que je souhaite la découvrir dans un autre registre. Kenneth Cook m’a été conseillé par Bouffanges, un auteur auto édité que j’affectionne particulièrement. J’avais déjà quelques romans en numérique (non lus bien sûr… ) mais encore une fois, maintenant que je suis à terre, le papier revient en force !

Et vous alors, un roman à me conseiller parmi ces nouveaux arrivés ?

 

 

Bon dimanche à vous les copains lecteurs ..

Les petits derniers… #21

Une catégorie dont on se passerait bien tous.. mais qui fait quand même vachement plaisir, Avouons-le ! Voici les « Petits derniers » sur l’immense pile de Félicie et de sa buissonnière désormais (autant vous dire qu’on double la cata..).

 

Les Petits Derniers

 

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021

 

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Lait et Miel de Rupi Kaur

voici le voyage d’une
survie grâce à la poésie
voici mes larmes, ma sueur et mon sang
de vingt et un ans
voici mon coeur
dans tes mains
voici la blessure
l’amour
la rupture
la guérison

– rupi kaur –

Poésie – Viol – Sexualité – Guérison – Erotisme

 

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Pêche d’Emma Glass

Il est arrivé quelque chose à Pêche. Elle erre dans la rue, du sang coule sur ses jambes, l’odeur de son agresseur lui colle à la peau. Ça lui fait mal de marcher mais elle parvient à rentrer à la maison en titubant et tombe sur une autre réalité cauchemardesque : celle de son cercle familial, qui ne semble s’apercevoir de rien. Ça devient difficile pour elle de trouver le sommeil, et plus difficile encore de travailler quand l’odeur graisseuse des saucisses grillées envahit ses narines, sans parler de s’alimenter. Même si elle tente de fermer les yeux sur ce qui s’est passé, Pêche finit par envisager l’acte drastique, cruel, qu’elle se doit d’entreprendre.

Litt. Anglaise – Premier roman – Viol – Adolescence

 

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Les vengeances des mères de Jim Fergus

Tome 2 de la trilogie « Mille femmes blanches »

1875. Dans le but de favoriser l’intégration, un chef cheyenne, Little Wolf, propose au président Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et envoie dans les contrées reculées du Nebraska les premières femmes, pour la plupart « recrutées » de force dans les pénitenciers et les asiles du pays. En dépit de tous les traités, la tribu de Little Wolf ne tarde pas à être exterminée par l’armée américaine, et quelques femmes blanches seulement échappent à ce massacre.
Parmi elles, deux sœurs, Margaret et Susan Kelly, qui, traumatisées par la perte de leurs enfants et par le comportement sanguinaire de l’armée, refusent de rejoindre la « civilisation ». Après avoir trouvé refuge dans la tribu de Sitting Bull, elles vont prendre le parti du peuple indien et se lancer, avec quelques prisonnières des Sioux, dans une lutte désespérée pour leur survie.

Litt. Américaine – Historique – Indiens d’Amérique  – Tribus

 

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Infinités de Vandana Singh

Dans ce recueil de dix nouvelles et un essai se déploie la sensibilité à part d’une auteure de science-fiction spéculative qui n’a de cesse de remettre l’Homme au centre du récit. On y observe un professeur de mathématiques qui aimerait comprendre les tensions interreligieuses qui déchirent son pays, un étrange tétraèdre subitement apparu dans les rues de New Delhi, une femme convaincue d’être une planète. Avec ces textes poétiques, humanistes et parfois mélancoliques, Vandana Singh s’impose comme la digne héritière de Ray Bradbury et Theodore Sturgeon.

Litt. Indienne – Science fiction – Nouvelles – Fantastique

 

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C’est en arrivant à la maison que je me suis aperçue que le roman de Jim Fergus n’était qu’une mise en bouche ! Effectivement « Présentation » ne présente que des extraits, alors que je pensais que c’était un service presse.. Il va falloir que je me procure le vrai roman complet..

Le recueil de Rupi Kaur m’a vraiment attiré, je cherchais quelque chose en poésie et cette couverture à été pire qu’un joyaux pour une pie 🙂

Un roman à me conseiller parmi ces nouveaux arrivés ?

 

 

Bon dimanche à vous les copains lecteurs ..