Un garçon c’est presque rien {Lisa BALAVOINE}

Mercredi c’est permis… on lit de la littérature jeunesse !

Dès les premières lignes, un drame est annoncé. Nous sommes dans une chambre d’hôpital, face à Roméo, ado de 16 ans, allongé dans un lit, inconscient.. Une jeune fille à ses côtés, attend qu’il sorte du coma.

Très vite, les pensées de Roméo prennent vie et il nous raconte comment il en est arrivé là.

« Un garçon c’est presque rien » c’est une plongée dans le journal intime de ce garçon pas comme les autres. Différent sans le vouloir, c’est un garçon extrêmement sensible, qui n’existe pas dans ce monde où tout n’est que cliché et tout est dicté.

Il sort de ce carcan des jeunes mâles d’aujourd’hui. Alors que de nos jours il faut se la raconter, il faut être con, sexiste pour être bien vu, lui reste en retrait et tente de défendre ses idées. Un gamin qui voudrait juste exister..

Trop peu d’amis, des parents qui n’en ont que le nom et qui oublient son anniversaire.. il passe ses journées le casque sur les oreilles, dans son monde.

Pourtant, il y a bien cette fille dans sa classe, Justine. Il lui plairait bien de la connaître un peu plus. Elle semble aussi discrète et solitaire que lui mais en même temps, un tempérament solaire et enjoué la rend inaccessible.

Quel évènement rapprochera ces deux exclus, ceux qui n’appartiennent à aucune case ?

Les sujet évoqués restent d’actualité et ce roman est somme toute ‘classique’ sur les troubles des jeunes : harcèlement, consentement, identité, sexualité, mais aussi le deuil.. Mais ce qui fait la force et la puissance de ce journal intime est sans conteste la plume tonique et très poétique de l’auteure.

Ici tout est en vers libre et c’est un véritable tourbillon de mots. Les pages défilent, hurlent parfois.

Roméo chante son mal être,

Il slam sa souffrance,

Il écrit sous forme de poèmes et de haïkus, balance les mots ainsi et nous touche en pleine figure.

Un véritable bonheur à lire.

Lien chez l’éditeur – Parution Août 2020 – 256 pages – 15.50€

Moi je rêverais d’avoir des parents
A qui je pourrais tout raconter
Comme on en voit parfois dans les séries télé
Des parents intéressants et intéressés
On dira que je suis mal tombé.
Ils sont pas méchants
Ils sont juste morts au-dedans
C’est terrible de se l’avouer mais
Près d’eux je ne sais pas comment rester vivant.
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Dulce de Leche {Mirabelle BORIE}

Mercredi c’est permis…. de lire des premiers romans jeunesse

mes premières 68 – Lecture 1

Quand je pense à la Colombie, c’est le café, la chaleur, la danse, les couleurs.. une vraie touriste-à-la-con en somme.

Mais la Colombie, c’est aussi et surtout, les Gamines : ces enfants des rues, issus des bidonvilles, abandonnés par leurs pauvres familles, qui risquent leur vie pour survivre, à chaque instant. Dans les rues de Bogotà, errent Carla, Rafaele, Juan, Soledad, Maria, Guillermo et tous les autres. Ils mangent seulement lorsqu’ils gagnent quelques pièces de monnaie, dorment sur des cartons, se battent pour rester ensemble, défendre leur bande et leur territoire.

Ils font la manche, fabriquent des colliers de perles pour les touristes, lavent des pare-brise, font des menus travaux de bricolage chez les plus aisés… se dérobent pour échapper comme ils peuvent aux rafles de trafiquants d’organes, volent, dealent, tuent parfois.. et se prostituent souvent… Moyenne d’âge 10/12 ans.

Le danger est partout, c’est aussi ça, la Colombie.

De l’autre côté de l’Océan en France, vivent Pédro et Cécilia,14 ans et des poussières, adoptés à 6 ans par deux familles, habitant Lyon. Ces deux enfants, que la rue à unit très fortement, ont été recueillis dans le même orphelinat de Bogotà et adoptés le même jour. Mais n’étant pas frère et sœur, ils n’ont pas pu être pris par une seule et même famille. Pour leur adaptation, les parents adoptifs ont décidé de garder le contact et de ne pas couper ce lien qui leur permet d’avoir quelques racines et repères.

Les 8 ans passés en France pour Pédro et Cécilia, leur ont permis de connaître un avenir serein, rempli d’amour, de présence, de nouveaux liens fraternels.. Cependant, et bien qu’ils puissent s’épauler et se confier l’un à l’autre sur leurs troubles d’enfants adoptés, arrive un moment où le besoin de connaître ses racines se fait plus fort. Les ados ne se rappellent pas leurs 6 premières années, n’ont pas de souvenirs, ou alors quelques bribes et des flash.. peut-être même imaginés. La quête d’identité devient alors viscérale et ce, malgré l’amour que leur portent leurs parents adoptifs. Ils se mettent à rêver, à espérer, à reconnaître les traits d’un père sur le visage d’un inconnu..

Au travers de ces 400 pages, Mirabelle Borie nous promènera de Lyon à Bogotà, avec une alternance de chapitres aux émotions multiples. Ce rythme permet aussi d’entrechoquer et contraster les points de vue et les deux vies : la misère des rues et la douceur d’un foyer aimant dans une famille. Petit à petit, on relie les deux extrêmes et les destins se rejoindront sur une fin ouverte et très émouvante.

« Dulce de leche » est doté d’une écriture très fluide et accessible, mais il ne fait certainement pas l’impasse sur la violence du quotidien des Gamines, qui est tout de même le cœur du roman. L’auteure qui ne nous épargne pas, sait pourtant rester subtile en n’étalant pas les scènes obscures. Nous adultes avons bien assez d’images dans la tête pour imaginer comment se font payer les jeunes gamines une fois que la porte des maisons closes se referme sur elles..

Dans ce roman, il y a pléthore de protagonistes : les parents adoptifs discrets, présents et aimants, Don Rodrigo, le mafieux proxénète qui sème la terreur dans les rues, ou le généreux Don Armindo, responsable d’un refuge pour enfant à Bogotà… et bien sûr, tous ces enfants, de Colombie ou de Lyon. Tous ces personnages ont leur propre personnalité, leur charisme : ils sont sincères, terriblement vrais et extrêmement attachants ou carrément détestables.

Sous couvert d’un roman jeunesse fictif, l’auteure nous embarque dans une histoire sur les liens qui unissent les hommes, sur la résilience, la rage de vaincre mais aussi sur une triste vérité qu’il ne faut pas occulter.

« Dulce de leche » c’est un titre doux et sucré, mais la réalité est tout autre. Il y a encore de vraies causes à défendre dans ce monde. Inspiré de tristes faits réels actuels, l’auteure nous livre ici un roman dont on ne peut rester indifférent.

Un grand merci à Mes premières 68, Gulfstream Editeur et bien sûr à Mirabelle Borie pour cette merveilleuse lecture.

Il me tarde maintenant de découvrir les autres titres de cette belle collection Électrogène !

Fiche produit chez Gulfstream Editeur (clik) – Collection Électrogène – Parution Janv 2021 – 416 pages – 18€

Mes premières 68..

Cette année, j’ai le grand plaisir de faire partie de l’équipe de lecteurs de « Mes premières 68 ».

Késako ?

C’est une aventure inspirée des 68 premières fois, qui consiste à lire des premiers romans et découvrir des auteurs. En 2020 une section Littérature jeunesse a été créée : uniquement des premiers ou deuxièmes romans jeunesse d’auteurs francophones, qui peuvent avoir déjà publié des livres pour adultes.

Le principe reste le même. Une fois le choix des romans fait par l’équipe de sélection (une vingtaine de livres) ils circuleront entre les participants de Février à fin Août 2021. Bien sûr, chaque participant en fera un retour sous forme de chronique, dessin, vidéo…

Je ne vous cache pas que je suis méga ravie en fait : pouvoir lire et partager de nouveaux auteurs jeunesse et tenter de les faire éclore au milieu de ces grosses parutions dont tout le monde parle, j’ai hâte !

Et vous, connaissiez vous Mes 68 premières fois et sa version Jeunesse ?

Je vous dis à très vite pour la première lecture.. belle semaine à tous ♥