Les bracassées {Marie-Sabine Roger}

Les bracassées

Lorsqu’une Fleur un peu stressée rencontre une Harmonie bien énervée, cela donne un cocktail explosif et hilarant ! Pourquoi hilarant.. lisez donc la suite :

Le roman commence avec une narration à la première personne : très ordonnée, précieuse, délicate, pointilleuse, limite coincée mais en même temps, vraiment fouillis et tout peut vite partir dans des détails insignifiants faits d’apartés qui trainent en longueur, pour revenir au sujet de départ. On comprend bien que cette personne a posé une annonce pour trouver quelqu’un pour quelques heures de ménage – et sous entendu de garde de chien. Et de bien d’autres choses, mais oh diantre je me perds ça et là – qu’allez vous penser de moi ?

C’est vrai j’ai été un peu désarçonnée au début ; j’ai hésité à continuer car ce type de narration ne me convenait pas, surtout pour entendre quelqu’un parler de choses si… futiles..  Où l’auteur voulait-elle nous mener ?

Fleur, angoissée de sa vie, souffrant d’un certain embonpoint et d’agoraphobie sévère, se calme à coup de cocktail d’anxiolytiques. Elle ne sort que pour aller chez son {cher} thérapeute {adoré}. Elle consigne toute sa vie dans un journal intime, ce qui aide à canaliser ses peurs – ou pas.

Et puis chapitre suivant la Ah Ah Sale pute narration change : vive, saccadée, vulgaire aucune ponctuation aucune majuscule des mots comme ça Putain qui s’enchainent et un rythme très « rythmé » vif violent parfois trash..Culé.. ! Et voilà notre chère AhahOuhOuhAh Harmonie qui suce des queues putain vous avez deviné elle a le syndrome Gilles de Tabourette bordel Faut que je réponde à l’annonce ça va me faire du bien et occuper mes bras !

Pardon, mais c’est la faute de l’auteur 🙂

Là, j’ai enfin compris qu’il y avait deux narratrices dans ce roman !

Et finalement, les points de vue de Fleur et d’Harmonie s’alternent dans une chorale merveilleusement bien orchestrée. Quand l’une nous narre  leur rencontre de manière prudente et angoissée, l’autre nous la fait à la Tabourette. Loin de moi l’idée de me moquer, mais sincèrement, j’ai ris, j’ai ris.. en pleine nuit et dans la salle d’attente de mon dentiste.

Mais ce ne serait pas aussi drôle si il n’y avait pas d’autres cabossés dans ce roman ; Car oui, dans la Rue des Soupirs, il y a aussi les autres copains : Elvire, la copine d’Harmonie avec ses yeux qui s’excitent à la mode «essuie-glace », Tonton, une femme baraquée au langage de bucheron gracieux qui sculpte-des-sculptures-que-personne-ne-comprend et un vieux et laid photographe, Mr Poussin, qui sait capturer la vrai beauté des passants grâce à ses clichés d’instants volés ici et là. En noir et blanc, il change le regard que l’on porte sur la différence. Je vous laisse deviner le joyeux bordel lorsque la fine équipe est au complet.  

C’est avec le temps,  quelques vulgarités et les épreuves de la vie, que tout ce petit monde va apprendre à se connaitre, à cohabiter et s’entraider dans de belles aventures, afin de montrer le handicap sous d’autres aspects. L’auteure a su nous transmettre une belle histoire vraiment vivante aux multiples personnages très atypiques mais néanmoins très attachants. Ici on apprend à vivre avec ses différences, à s’accepter et à rire de soi {avant que les autres ne s’en chargent}. Ces personnes ont des symptômes qui dérangent, des physiques particuliers, des manies, des tocs.. une belle brochette de bracassées. Leur point commun c’est d’avoir un cœur gros comme ça, malgré  cette difficulté à vivre au milieu du regard des gens dits ‘normaux’, dans cette société d’exclusion où tout est pesé, millimétré, calibré.. jugé.

Je trouve que c’est un pari osé de faire parler une personne atteinte du syndrome Gilles de la Tourette sans risquer l’accusation grossière. Mais ici, tout est question de pudeur et de respect. PutainCulé.

Un gros coup de cœur ♥ pour ce roman jubilatoire et surprenant, à la narration si particulière. Le ton est toujours joyeux, jamais cliché jamais méchant. C’est un roman rempli d’espoir et d’amour qui nous montre qu’avec un autre regard, de la bienveillance et un gros de pied de nez à la société et tous ces codes qui nous enferment, nous pourrions changer beaucoup de choses.

Je ne peux que vous recommander ce roman à la couleur Bonne Humeur !

 

Lecture numérique

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La brune au Rouerge ◊ Aout 2018 ◊ 320 pages ◊ 20€ en broché ◊ 14.90€ num.

Lien vers la fiche produit du roman

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